Une journée avec l'unité dentaire mobile
Ce sont les yeux encore lourd de sommeil que Chauke et moi-même tentons, en soufflant vivement sur les braises, de réanimer le feu de la veille. Quelques flammes s'échappent… le thé, accompagné d'un morceau de pain, sera prêt dans quelques minutes… juste le temps nécessaire pour la toilette matinale. Puis dès que les premiers rayons de soleil caressent la petite bourgade de Muhuguleni (40 kms de Chikombedzi), le premier patient se présente à la porte du dispensaire de brousse; peut-être plus intrigué ou curieux que souffrant…
Agissant comme un signal pour le reste du village, la génératrice tousse et crache ses premiers gaz, alors que le compresseur fait vibrer tous ces boulons. Puis tout s'emballe… de la dent mobile de la mère de famille, du nettoyage des dents d'une jeune fille ou de la carie profonde de l'instituteur… on sait que la journée sera peu propice au repos ou la bronzette ! Qu'importe, les regards (généralement ! !) reconnaissant des patients nous feront oublier notre fatigue et notre stress.
Puis lentement le jour décline, et c'est avec plaisir que nous nous retrouvons ensemble pour préparer le repas du soir : au menu quotidien " la sadza " (sorte de polenta à base de farine de maïs ), quelques petits poissons séchés et une sorte de soupe de tomates. Mais l'essentiel est autour du feu… Chauke me parle de son grand-père nomade, Gonese me dit que l'Allemagne est un continent et moi…j'écris ces lignes en pensant à eux et à ces instants uniques avec un brin de nostalgie
Etienne Malherbe, 2003